Les Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine Saint-Denis
Un outil partagé
Le Centre international de Seine Saint-Denis (*) pour les œuvres chorégraphiques.
(*) …de Bagnolet, en réalité. Mais, si l’on veut être honnête, il faut plutôt rendre à la Seine Saint-Denis ce qui lui revient, c’est elle qui assurait la charge du Centre avec la participation du ministère de la culture.
Compte tenu de l’amplitude et des ambitions de la manifestation conçue par Lorrina B. l’association, forme juridique qui porte ce projet, comprend qu’il faudra qu’elle se dote d’une entité représentative. Il s’agit de rendre compréhensible l’idée selon laquelle ce projet n’est pas un évènement de plus, mais un processus qui est aussi un outil. Outils dont la durée d’existence ne dépend que du progrès et du succès des lignes directrices suivantes:
Sensibiliser les pouvoirs publics internationaux à la danse contemporaine en vue favoriser la naissance d’une politique nationale de la danse assortie d’un budget garantissant sa réalisation afin de pourvoir a la formation des artistes et à la diffusion de leurs œuvres.
Cela supposait qu’une aide à la diffusion serait –automatiquement- incluse à la subvention d’aide à la création pour au moins les dix premiers contrats, comme le faisaient les Rencontres Chorégraphiques en faveur des compagnies lauréates.
> Document : La danse et ses paysages articulés et changeants
Une aide à la diffusion des oeuvres
Rappelons qu’aujourd’hui, alors que la manifestation en elle-même n’existe plus, les Plateformes, quant à elles, continuent de jouer leur rôle fédérateur international et de se développer. C’est bien elles qui sont les Rencontres Chorégraphiques. Elles sont passées à l’heure actuelle de 30 plateformes à plus de 100.
Les quatre temps
Le Centre fut inauguré dans la perspective d’abriter :
- Les Rencontres Chorégraphiques Internationales
- Un Centre de documentation Internationale
- Une unité d’édition de livre sur les artistes et à propos de l’art de la danse
- Une dynamique d’aide à la production et à la diffusion des œuvres
La France comme Label
Il a donc organisé durant 12 ANS:
Un festival biennal de danse contemporaine internationale, soit, 6 éditions.
- Ce festival a présenté les œuvres d’une vingtaine de compagnies internationales en moyenne par édition.
- Cela a représenté environ 121 compagnies.
- En conséquence de quoi, en France, à la Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis, MC93, Bobigny, environ 1000 artistes ont pris part à ces festivités en faveur de la danse. Les Rencontres à Bobigny ont représenté 13 pays en moyenne tous les deux ans sur les 30 pays partenaires internationaux.
Sous leurs regards
Lorrina B pensait que le monde de la danse était une grande famille qui n’était pas coupé de ses maîtres, c’est la raison pour laquelle, à chaque édition des Rencontres, était reçue une personnalité de la danse contemporaine. Cela a donné lieu à la présence de 6 invités d’honneur (un par édition de chaque Rencontres) qui présentaient, soit une œuvre de répertoire, soit une œuvre de commande :
- Lucinda Childs (USA)
- Merce Cunningham (USA)
- Ushio Amagatsu (Japon)
- Jan Fabre (Belgique)
- Mathilde Monnier (france)
- David Kern et Sylvie Guillem (USA-France).
Entre les éditions des Rencontres étaient invités d’autres personnalités de la danse contemporaine comme :
- Karole Armitage (USA)
- Daniel Larrieu (France)
- Stephen Petronio (USA).
Un prix d’auteur pour la diffusion international
Lorsque Les Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine Saint-Denis (1987-1999), décernaient son prix, celui-ci jouissait d’une forte répercussion internationale. Ce prix légitimait donc, officiellement, la qualité d’auteur des artistes chorégraphiques d’un grand nombre de pays (30) qui participaient de l’effort global engagé tous les deux ans.
Étant donné le cruel déficit dont souffrait toujours la diffusion des œuvres, tant à l’échelle nationale qu’internationale, l’ensemble de la manifestation s’articulait certes autour de la formation, mais elle tendait à favoriser principalement la création et la diffusion internationales des œuvres.
Il fallait en quelque sorte rendre internationalement viable une sorte d’économie fondée sur la circulation des œuvres chorégraphiques. Rappelons que ce dont la danse contemporaine souffrait à l’époque de sa genèse en Europe, face à la danse classique, s’était précisément de son statut de danse « contemporaine » et aussi du fait que sa communauté, historiquement récente, représentait, dans chaque pays, une toute petite quantité d’artistes (négligeable et négligée par les autorités de tutelle), qui revendiquait, il y a de cela 20 ou 30 ans encore, chacun dans son pays, le droit à accéder à sa maturité comme genre et comme communauté artistique singulière.
Les Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine Saint-Denis étaient donc une dynamique, un processus (avec le temps, s’est avérée opportun lors des Rencontres Chorégraphiques à Bobigny d’organiser au bénéfice des artistes participants, des classes de danse) fondé sur plusieurs axes complémentaires interdépendants:
- Sensibiliser les pouvoirs publics internationaux à la danse contemporaine pour que se développe autant la formation, que la création et la diffusion des œuvres.
- Accompagner, durant leur existence, en plus des jeunes chorégraphes, les chorégraphes seniors qui ne rentraient plus dans la catégorie très prisée de « jeunes chorégraphes » ce qui faisait qu’ils subissaient une sorte d’abandon généralisé qui rendait difficile la maturation de leur travail.
- Dégager une « économie de la danse à l’échelle internationale » pour que les compagnies, jeunes ou non, puissent diffuser leurs œuvres et circuler avec elles dans un réseau international plus stable, plus large, plus sensible et curieux que le seul et étroit circuit national et sortir ainsi de l’indifférente chaîne exhaustive des grands théâtres internationaux dont la tâche est avant tout d’inviter des artistes dits reconnus et représentant une valeur sûre. Il fallait donc et surtout exister à leur côté.
Les Plates-formes internationales de la danse contemporaine.
Cela n’avait échappé à personne et pour qui les ont vécues, les Rencontres, come concept, avaient, bien évidemment, lieues à l’occasion des Plateformes internationales où les artistes, en montrant leur travail aux publics, aux autres artistes, aux élus de leur pays, aux journalistes internationaux et aux diffuseurs du monde entier, développaient des contacts professionnels efficaces et fructueux qui voyaient le jour dans le cadre des Rencontres mais aussi indépendamment de celles-ci.
En effets, les Plateformes étaient organisées pour que les chorégraphes qui postulaient aux Rencontres puissent présenter leur travail dans des conditions réelles de spectacles, c’est-à-dire devant un public. Cela à généré dans chaque pays participant aux Rencontres un incontournable rendez-vous professionnel. Chaque pays était, pendant que se déroulaient l’ensemble des Plateformes (6 mois tous les deux ans), successivement le centre unique de la manifestation. Là est la raison pour laquelle les Plateformes se sont développées malgré la fin des Rencontres.
27 pays, 64 villes, soit 78 partenaires :
Afrique du Sud : Johannesburg; Allemagne: Berlin, Francfort, Hambourg, Munich; Angola : Luanda; Argentine : Buenos Aires; Autriche : Vienne; Belgique: Louvain, Bruxelles : Liège, Anvers; Canada: Montréal, Vancouver; Corée du Sud : Séoul; Croatie : Zagreb ; Espagne: Madrid, Séville, Bilbao; Estonie : Tallin; Etats Unis d’Amérique: Los Angeles, Austin/Texas, New York; France : Aulnay-Sous-Bois, Bognolet, Bordeaux, Brest, Caen, Epinay-sur-Seine, L’Ile-Saint-Denis, La Courneuve, Le Blanc Mesnil, Pavilon-sous-Bois, Lille, Lyon, Marseilles, Montreuil, Paris, Saint-Ouen, Tremblay-en-France; Grande Bretagne: Londres, New Castel; Hongrie: Budapest; Israël: Tel Aviv; Italie: Florence, Regio Emilia, Pietrasanta, Cagliari; Japon: Tokyo, Yokohama, Osaka; Pays-Bas, Rotterdam, Harlem, Amsterdam, La Haye; Portugal : Lisbonne, Suède : Stockholm; Tunisie : Tunis; Suisse: Genève, Zurich ; Norvège: Berguen; Finlande : Helsinki ; Macédoine : Skopje ; Roumanie : Bucharest.
> Document : Les plateformes internationales de Seine-Saint-Denis 1998
Le prix international d’auteur chorégraphe
S’était donc à la France, comme initiatrice du projet, de devenir à son tour le centre des Rencontres Chorégraphiques en clôture de ces dernières. À cette occasion se remettait le prix international d’auteur chorégraphe.
Le prix consistait en une somme d’argent dont la moitié revenait à la compagnie. Et, quand cela n’était pas pris en charge par les autorités de tutelles de leur pays, la somme couvrait souvent le coût de la venue des compagnies en France.
L’autre moitié était employée pour aider à la diffusion des œuvres. Cette aide allait donc aux structures de diffusion. Selon leurs ressources économiques les lieux de diffusion pouvaient recevoir de 10 à 50% du coût du contrat signé entre les lauréats et les diffuseurs internationaux.
Il était fréquent que ces mêmes diffuseurs recherchent, dans leur région, à étendre la diffusion des œuvres primées qu’ils recevaient, mais aussi, souvent, des œuvres qui n’avaient pas été choisies par le les directeurs de structures de diffusion qui participaient aux Rencontres et constituaient en tant que tel, le Conseil Artistique des Rencontres.
En conséquence, la diffusion des œuvres des lauréats s’amplifiait notablement en même temps que la somme du prix puisqu’elle représentait un pourcentage sur le montant du contrat signé entre les artistes et les diffuseurs d’une part et, d’autre part, favorisait des contrats hors montant du prix (les 2 ou 3 premières éditions des Rencontres n’avaient pas encore réussi ce qui plus tard était devenu un véritable moyen d’information et de diffusion de la danse contemporaine).
> Document : La diffusion des oeuvres des lauréats 1996
> Document : Les chorégraphes qui ont participés aux rencontres, invités d’honneur et photographes
Le Centre de Documentation internationale
Une logique conduisant à une autre, la création d’un Centre de documentation internationale sera pluridisciplinaire. Il verra le jour et sera ouvert aux publics les plus divers.
Il comptait environ
- 1600 livres pluridisciplinaires : Histoire de l’art, monographie sur les artistes de la danse, du cinéma, des arts plastiques, de la littérature, de la musique, des sciences….
- 100 dossiers sur la culture des pays partenaires qui contenaient des informations historiques, politiques et culturelles sur leur réalité concernant en particulier les compagnies de danse, de théâtre, la littérature, le cinéma, les institutions etc),
- 300 dossiers sur les compagnies et les institutions françaises.
- 500 vidéos sur la danse et sur l’art dans le monde
> Document : Le Centre de Documentation internationale
> Document : Compte-rendu de lecture des fiches